Marques cutanées chez les grands dauphins (Tursiops truncatus) en interaction avec la pêche artisanale en Méditerranée centrale

L’étude de Bonanno et al. publiée en 2019 dans la revue scientifique PloS ONE s’intéresse à la présence de marques cutanées au sein de la population résidente de Grands Dauphins autour des Iles Eoliennes au nord de la Sicile (Italie).

De manière générale, l’apparition de marques cutanées peut être la conséquence de divers facteurs : environnementaux (radiation solaire, salinité), interactions intra- et interspécifiques, maladies infectieuses, contaminants biologiques et chimiques, blessures induites par les activités humaines… Dans les Iles Eoliennes, la présence de dauphins sur les côtes est majoritairement liée aux activités de pêche. Etant donné que les stocks de poissons déclinent, les dauphins se concentrent au niveau des zones de pêche où la capture des proies est facilitée. Toutefois, cette interaction avec les pêcheries peut laisser des « cicatrices » sur les individus, qu’ils s’agissent de dommages corporels liés aux filets et engins de pêche ou directement causés par les pêcheurs.

Pour évaluer ces marques cutanées, les chercheurs ont utilisé des données de photo-identification relevées entre 2005 et 2014 et comparant les parties dorsales entre différents individus. Au final, 13 types de marques ont été identifiées selon leur origine, leur fréquence et leur durée de persistance. L’abondance, la diversité, la répartition et la gravité des marques cutanées ont été étudiées et comparées parmi des dauphins d’âge, de sexe et avec un degré d’interaction avec les filets de pêche différents.

D’après les scientifiques, les dauphins adultes étaient majoritairement plus marqués que les juvéniles et les mâles présentaient des blessures plus sévères que les femelles. Ces différences peuvent s’expliquer par le comportement de chasse davantage réalisé par les adultes que par les individus plus jeunes et une plus forte interaction des mâles avec les filets de pêche que les femelles (qui restent en retrait pour protéger leur progéniture). Or parmi les 13 marques répertoriées, 2 considérées comme graves sont directement liées aux pêcheries : les blessures par balle induites par les pêcheurs et les mutilations après enchevêtrement dans les filets. Les chercheurs insistent notamment sur le fait que ces types de blessures profondes peuvent entraver les fonctions de déplacement et donc d’alimentation des individus et ainsi affecter la survie de la population des Iles Eoliennes.

Cette étude cutanée est une première en la matière et permettrait d’évaluer l’état de santé des populations de cétacés et de mieux comprendre les pressions qui pèsent sur eux et leur environnement.

 

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Photographies des 13 types de marques cutanées identifiées chez les Grands Dauphins des Iles Éoliennes

Source : Bonanno et al.

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